Réflexion sur la grève des étudiants de l'ENS

Aujourd'hui on entend parler d'une grève qui semble t-il dure depuis longtemps. Une grève particulière en cela qu'elle à lieu à Normale Sup' qui forme "l'élite" de la France, enfin laissons cela.

Une grève chez les énarques, voila qui semble incongru mes amis!

Le thème de ces étudiants est aussi respectable que leur remarquable intelligence, ils se donnent en spectacle pour que les onze agents de restauration (cuisiniers de la cafet') puissent passer d'un CDD à un CDI. Je n'ai rien contre cela, mais le discours des étudiants, futurs énarques, m'a fait doucement sourire.

La chronique d'Europe1 faisait passer deux témoignages, le premier d'une étudiante (nous ne connaissons pas l'année d'étude de celle-ci). Elle nous dis que c'est inadmissible que les agents de restauration n'aient qu'un CDD, c'est pour eux de la précarité. Elle en rajoute une couche en expliquant qu'il faut aussi montrer aux autres les coulisses de Normale Sup'. L'image de l'ENS ne serait pas immaculée!? Et elle nous matraque la vieille rengaine, cette situation est précaire, il est vrai que bloquer un établissement pour des mois n'améliore pas situation. Ces mois de grève empiètent sur lesdits CDD des employés qui font l'objet de tout ça. Ce qui est drôle, c'est qu'on n'entend pas les gens concernés par les CDD, à croire presque qu'ils ne cautionnent pas la grève. Ont-ils le choix de cautionner ou non une paralysie de l'établissement? Bien évidemment que non.

Le deuxième témoignage, étudiante à nouveau mais doctorante, nous explique maladroitement que Normale Sup' c'est prestigieux, et que l'intelligence des étudiants formés là bas ne doit pas laisser passer cette situation 'précaire'.

Là je dis stop!

L'intelligence, quel grand mot. Bien peu de monde est intelligent. Ce n'est pas parce qu'on est doctorant qu'on est intelligent. La confusion entre connaissances et intelligence montre peut-être un léger défaut du dernier terme, non?

Au Royaume-Unis la situation est inverse par rapport à celle de la France. A savoir que là bas, la norme est au CDD. Si l'on travaille bien le CDD est renouvelé. En France le CDD est encore empreint d'une image qui voudrait qu'après celui-ci il n'y a pas de suite. Pour autant, et que je sache, même si c'est à ça que correspond le CDD en France, il me semble que Normale Sup' à les moyens de renouveler les CDD si elle le souhaite.

Tout ceci à des fonds économiques, l'entreprise Normale Sup' (pour des commodités, on va l'appeler telle une entreprise) est soumise à la fiscalité du travail. En France cette fiscalité est rigide, et embaucher via CDI lie l'entreprise qui aura du mal à licencier si besoin est. Le coût du licenciement (à la fois dans la nécessité de rembaucher, de former de nouvel employé, et les indemnités de départ de l'ancien employé) est tel qu'il ne vaut pas le coup de licencier par la suite.

Le CDD même si la fiscalité du travail de concernant est rigide lui aussi, permet à l'entreprise d'avoir un gage d’efficacité.

Bref, que je sache il n'y à pas matière à faire grève, les employés étant encore au travail! De surcroît, c'est le choix de l'entreprise que d'embaucher ou non. A part se mettre en scène, que recherchent ces grévistes si charitables et respectables?

La réponse me semble toute trouvée, derrière un thème social d'une gravité extrême (larmoyant et touchant, certes) la seule et unique raison des étudiants de soutenir ainsi lesdits agents de restauration est de se donner bonne conscience. Derrière leur discours tout à fait vide et maladroit on ne peut voir que la raison rationnelle qui est de se donner bonne conscience, et d'améliorer l'image humaniste d'étudiants énarques tout en tentant de ternir celle de l'ENS, en dénonçant une précarité atroce.

Je suis pourtant certain que les agents de service en question ont accepté de plein gré ce travail. Le but des grévistes serait-il de tuer ces emplois à l'ENS après les avoir stigmatisé?